William Christenberry (Tuscaloosa, Alabama, 1936) occupe une place remarquable dans l'histoire récente de la photographie américaine par sa vision particulière du paysage traditionnel du Sud des États-Unis. Il est considéré certainement comme l'un des pionniers de la photographie couleur mais également comme un artiste polymorphe capable de fixer la mémoire d'un paysage qu'il a vécu et traversé tout au long de sa vie.
Exposition du 24 septembre au 24 novembre 2013. Fundacion Mapfre, Salle Azca, Avenida del General Perón nº 40 - 28020 Madrid (Espagne). Tél.: +34 91 581 1628. Ouverture le lundi de 14h à 20h, du mardi au samedi de 11h à 19h, dimanche et jours fériés de 11h à 19h. Entrée libre.
L'oeuvre de Christenberry est unique par sa capacité évocatrice d'une imagerie simple qui en devient monumentale. Ses premières photographies, qu'il prenait avec un petit appareil Brownie, datent de la fin des années cinquante et, à l'origine, elles n'avaient d'autre finalité que de servir de référence à ses peintures. C'est Walker Evans qui, au début des années soixante, l'encourage à privilégier la photographie comme moyen d'expression. Mais, contrairement à Evans, Christenberry utilisera la couleur à un moment où celle-ci était considérée trop commerciale et artificielle face au noir et blanc. Depuis 1961, il visite les mêmes lieux, année après année, produisant des images qui reflètent puissamment l'effet du temps qui passe sur ce qui est oublié ou délaissé. En 1974, d'après ces images, il commence à réaliser de fines sculptures extrêmement détaillées, reproduisant diverses constructions à différents stades de détérioration. Malgré les proportions réalistes qu'il applique, l'artiste ne les considère pas comme des maquettes mais comme des sculptures indépendantes.
Maisons abandonnées, églises rurales, cimetières et objets trouvés dans la campagne ont été captés par son objectif durant de nombreuses années, des décennies parfois, faisant de son expérience personnelle, le voyage, ou comme lui-même le décrit, les processus de transformation - la mort ou la renaissance - les thèmes principaux de sa large production artistique. William Christenberry élabore avec sa photographie et à l'aide d'autres moyens (sculpture, peinture, dessins et installation) un récit passionnant du Sud, mêlant son architecture populaire, ses paysages, sa mémoire…mais aussi certains épisodes plus sombres de son histoire (comme l'intolérance politique et raciale représentée par le Ku Klux Klan). La Klan Room se présente comme des archives du Klan. Elle renferme, entre autres, photographies, dessins, figurines klansmen avec des tuniques blanches, vertes, rouges, noires et mauves, croix en néon, boites de verre et sculptures...
Le riche parcours de Christenberry a fait l'objet de nombreuses expositions dans d'importants musées américains, même s'il a été très peu montré en Europe. Pour cela, cette exposition constitue une opportunité indispensable pour connaître en profondeur ses séries photographiques ainsi que les autres éléments de sa production artistique. Celle-ci sera principalement centrée sur son œuvre photographique et réunira plus de 300 photographies, dont la plupart sont des tirages d'époque réalisés entre 1960 et 2007. Seront également présentées neuf sculptures et la Klan Room (installation composée de près de 300 objets). Enfin, sera montrée une sélection de panneaux de signalisation publicitaire qui appartiennent à l'artiste.